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Lutter Contre Les Îlots De Chaleur Avec La Géomatique

Lutter Contre Les Îlots De Chaleur Avec La Géomatique
Sur la carte des îlots de chaleur de Montréal de 2019, une tache rouge bordée d’orange apparaît au centre du parc Rutherford, situé sur le flanc du mont Royal. Pourtant, six années auparavant, la zone apparaissait en vert sur la carte produite à partir d’images satellite. C’est qu’entre les deux prises d’images, un terrain sportif à surface synthétique a été aménagé dans l’espace vert, ce qui a créé une zone où le mercure tend à s’emballer pour créer un îlot de chaleur.
Au cours des deux dernières années, Olivier Caron et son équipe d’étudiants ont réalisé plusieurs projets de géomatique à partir d’images satellite et de clichés captés par avion en 2016. Son équipe a notamment eu pour mandat de la Ville de Montréal de revoir la méthodologie pour produire et calculer des indices de vulnérabilité aux aléas climatiques pour le territoire de l’agglomération de Montréal, en fonction des crues, des pluies abondantes, de la sécheresse, des tempêtes destructrices et des vagues de chaleur extrême. Les chercheurs ont aussi examiné de plus près l’évolution des îlots de chaleur dans la métropole entre 2013 et 2019.
Or, les îlots de chaleur et les zones à risques auraient perdu du terrain sur l’île de Montréal, a-t-il constaté. Leur superficie s’est réduite de 3 % sur le territoire de l’agglomération entre 2013 et 2019, passant de 178 km2 à 164 km2 en six ans. Cette observation est encourageante, mais doit être interprétée avec prudence, souligne toutefois le chercheur. « Il faut faire attention, car il y a quand même une incertitude dans ces données. Il n’y a rien de parfait. C’est une résolution qui est grossière. Mais quand même, on voit une amélioration de 3 %. »
En effet, pour être en mesure d’effectuer des comparaisons, l’équipe de chercheurs a dû s’appuyer sur les images générées par le satellite Landsat 8. Chaque point rouge correspond à une surface d’environ 30 mètres sur 30 mètres, ce qui n’est pas optimal comme résolution, mais ces données permettent tout de même d’observer l’évolution des îlots de chaleur en lien avec l’aménagement du territoire.
À certains endroits de la ville, Olivier Caron constate que les îlots de chaleur ont pris de l’ampleur entre 2013 et 2019. C’est le cas dans le quartier Bois-Franc, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, où un lotissement a vu le jour. D’autres taches rouges sont apparues au parc Étienne-Desmarteau en raison de travaux qui y sont menés. À Anjou aussi, la construction d’un immeuble industriel à proximité du parc-nature du Bois-d’Anjou a fait disparaître un îlot de fraîcheur.